Avec Sandra Colombo ma co-autrice nous nous sommes rencontrées le soir du réveillon du 31 décembre 2016. Par hasard et sans jouer aux dés... Il y a très peu de hasards dans les rencontres. Nous sommes toutes deux passées par la case psycho à la fac. Nous sommes aussi toutes les deux exploratrices du genre humain et de la condition féminine . Toutes les deux comédiennes, avec des envies de défendre des rôles de femmes profonds, nous nous embarquons. Nos parcours, nos envies d'écriture nous rassemblent. La première séance d’écriture et nos échanges de balles suffisent à nous convaincre. Nos points forts se complètent. Nous aimons écrire ensemble, détricoter les sujets qui nous préoccupent et l’actualité qui va de pair.
Très vite nous tombons d’accord sur la nécessité d’aborder des thématiques qui sont quasiment ignorées au théâtre en 2017. Révoltées par la violence que subisse un grand nombre de femmes dans leur couple, nous décidons d’écrire sur le sujet.
Avec Sandra Colombo ma co-autrice nous nous sommes rencontrées le soir du réveillon du 31 décembre 2016. Par hasard et sans jouer aux dés... Il y a très peu de hasards dans les rencontres. Nous sommes toutes deux passées par la case psycho à la fac. Nous sommes aussi toutes les deux exploratrices du genre humain et de la condition féminine . Toutes les deux comédiennes, avec des envies de défendre des rôles de femmes profonds, nous nous embarquons. Nos parcours, nos envies d'écriture nous rassemblent. La première séance d’écriture et nos échanges de balles suffisent à nous convaincre. Nos points forts se complètent. Nous aimons écrire ensemble, détricoter les sujets qui nous préoccupent et l’actualité qui va de pair.
Très vite nous tombons d’accord sur la nécessité d’aborder des thématiques qui sont quasiment ignorées au théâtre en 2017. Révoltées par la violence que subisse un grand nombre de femmes dans leur couple, nous décidons d’écrire sur le sujet.
La question des violences conjugales nous a paru essentielle. Ce sujet reste peu traité sur scène, malgré une réalité dramatiquement « stable » depuis des années. Nous avons abordé l’écriture d’ « Après coup » en interrogeant des personnes travaillant dans le milieu associatif, en lien avec les délégations régionales aux droits des femmes et à l’égalité. Un travail complété par des recherches littéraires et audiovisuelles sur ce sujet. Il nous importe de construire une fiction juste et au plus près des réalités psychologiques qui traversent ce sujet difficile. L’intimité d’un couple, les non-dits sont autant de zones d'ombres qui ne sont pas aisées à mettre en lumière. Une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint, c’est effroyable et les chiffres n’évoluent pas, ni dans un sens ni dans l’autre. C’est de ce constat que part cette envie de « dire » et de « faire entendre », d’incarner ces femmes qui ne sont pas que des chiffres. L’un de nos objectifs fut de comprendre la mécanique dans laquelle les femmes victimes de violences se laissent embrigader. Mais surtout au fur à mesure du travail, et de l’évolution de l’actualité, de rester connectées à cette terrible réalité pour en être un témoin fidèle. En octobre 2017, alors que nous étions déjà à quelques mois d’écriture, Alyssa Milano dans le sillage de l’affaire Weinstein relance #METOO créé dix ans plutôt par Tarana Burke. Même si le mouvement n’est pas tout à fait relié à la question que nous voulions traiter, nous sommes toujours restées en alerte sur les questions féminines. La nécessité de traiter les violences conjugales tout en tenant compte de l’actualité est restée fondamentale dans notre écriture.
Par exemple, lorsque nous avons commencé à écrire, il y avait un débat pour la création d’un terme juridique qui puisse enfin reconnaître les coupables de violences conjugales comme des meurtriers et non plus comme des victimes de leur passion. Aujourd’hui ce terme existe, il est entré dans le langage juridique, journalistique et courant : les féminicides. Ce terme n’était pas encore adopté au début de notre travail, mais peut-on dire que dans les mentalités il est déjà inscrit ? Les choses avancent, certes, mais force est de constater au vu des derniers chiffres, qu'elles n’avancent pas assez vite.
Pour que la pièce touche un maximum de monde, nous avons choisi de traiter le sujet par le biais de la comédie.
C’est par le biais de 4 femmes, de 4 portraits que nous voulions rendre compte des symptômes, de certaines constantes que recèlent ces violences conjugales. Dans celle qui les subit et dans ceux et celles qui les côtoient. Trois femmes qui vont devoir composer avec leur vécu pour admettre et se remettre de la mort de leur amie Belinda. Comment est-il possible de ne pas voir la détresse d’un proche ? Pourquoi et comment nous cache-t-il son désespoir ? Comment le vit-il ? Comment accepter un drame qu’on n’a pas pu empêcher ? Peut-on l’empêcher ? Quelle est notre part de responsabilité, et quelle sorte de culpabilité en découle ? Ce texte soulève autant de questions que nous cherchons à résoudre avec ce sujet. Nous n’arrivons pas toujours à trouver les réponses. Mais quand la question se pose, le chemin d’une réponse peut commencer à exister. Ceux qui meurent dans la violence laissent autour d’eux une famille, des amies, une trace indélébile, des questions sans réponses.
UN AXE D'ECRITURE
Pour nous la question du théâtre trouve son sens à la fois dans le divertissement, mais aussi quand il suscite la réflexion et éveille les consciences.
Nous établissons alors un cahier des charges avec les choses qui nous apparaissent essentielles à livrer dans notre travail d’écriture.
Nous voulons que le sujet puisse toucher tout le monde. Et de fil en aiguille, notre réflexion se pose sur la famille, les proches, les amies. L’amitié nous est apparue comme un axe fort de réflexion et de narration dramaturgique. Comment dans notre monde aujourd’hui arrive-t-on à prendre soin les uns des autres ? Est-ce que véritablement dans un monde hyperconnecté nous y arrivons ? Plus nous sommes connectés au virtuel et plus nous nous éloignons du réel.
L’entrée dans le vif du sujet par l’intermédiaire de la comédie nous est apparue comme un moyen efficace pour s’adresser au plus grand nombre. Réussir à faire rire en traitant ce sujet dramatique est notre gageure. Le rire comme un angle d’attaque, mettre les pieds dans le plat, sans pudeur, le rire parce qu’il permet de montrer ce qu’on refuse d’accepter. La pièce traite des violences conjugales en partie, mais aussi et surtout du tourbillon dans lequel nos vies hyperactives nous plongent et nous limite dans l’attention que nous pouvons porter aux autres. Et si nous arrivions à faire rire dans cette pièce tout en abordant ce sujet difficile ? Il faut affronter la question, parler de la mort violente qui peut arriver dans la vie, de la question de l’autre et de ceux qui restent.
Entrer dans le vif du sujet par l’intermédiaire de la comédie nous est apparu comme un moyen efficace pour s’adresser au plus grand nombre.
Le rire comme rempart et en étendard, le rire parce qu’il permet le partage, l’échange et fait passer la dureté, l’impensable, le cauchemar parce que comme le disait Bergson, il s’adresse à l’intelligence pure.
C’est par le biais du lien solide de ces quatre amis d’enfance que nous réussissons à trouver une dynamique de comédie et que nous traitons également le drame à travers l’histoire de Belinda.
Nous avons approfondie notre travail d'écriture en interrogeant des personnes qui travaillent dans le milieu associatif, en lien avec les Délégations régionales aux droits des femmes et à l’égalité. Nos recherches ont été complétées par des témoignages, la littérature et le cinéma. Il nous importe de construire notre propos au plus près des réalités psychologiques et physiques.
Nous ne voulons pas que le spectateur se sente impuissant en voyant la pièce, nous voulons lui redonner espoir et par la même à nous-mêmes.